Porter une attention particulière sur ce qui nous entoure. C’est pour ma part ce qui ressort du travail de Kévin Longlade aka King, graphiste auteur martiniquais. King va à la rencontre de son espace. Il cherche, repère et capte des éléments qui touchent sa sensibilité en même temps que son regard. Sa récolte va alors constituer les principaux sujets de ses productions. Le choix des lignes, des couleurs, des typographies…Tout est pensé avec un  extrême souci du détail et une réelle recherche esthétique  pour offrir à notre regard des rendus de grande qualité.


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Les débuts:

D’abord attiré par le dessin et la peinture, depuis tout petit le profil artistique se fait ressentir. Il emprunte le chemin des filières artistiques au lycée pour à ce jour, à l’issue de ses études supérieures aboutir à un DNAT Design graphique. Profil affichant une certaine polyvalence et aisance dans la création d’image en 2d, notamment dans le maniement de divers médiums. Admiratif et fan du travail de Stinna Persson, il apprend à se familiariser avec l’encre qui devient un de ses médiums favoris.

Éléments et démarches artistiques marquantes:

2014, création d’un spécimen d’ornements typographiques «Bordur’Hood» basé sur le paradoxe et la relation entre la conscience et le souvenir. En effet ce dernier fait parti d’une série de travaux graphiques et plastiques créés dans le cadre de sa thématique de diplôme «À la mémoire de mes frères disparus», qui l’amènera à obtenir en 2015 son DNAT en design graphique (spécimen typo présentée au concours pour la revue Avant/Après des Rencontres de Lures). 

Par le biais de ce travail d’auteur, il cherche à faire ressortir sa vision du souvenir d’amis perdus. Il ne s’agit donc pas d’adopter une attitude fataliste, ou même morbide, ni de tomber dans les stéréotypes. Mais tout en sachant que le souvenir s’articule sur une base du réel qui est déclinée par l’imaginaire de l’homme, cela consisterait plutôt à mettre en image ces expériences de l’esprit dans la diversité de ses manifestations.

 

Sur la base de ces compétences acquises et cet apprentissage, il laisse apparaître en 2016 une maturité graphique qui mûrit davantage. Il travail plus le mélange entre la typographie et la photo. Il met en scène de façon poétique de petits éléments, souvent naturels, de son environnement insulaire. C’est une manière de mettre en exergue la richesse de ce milieu. Mais, c’est principalement afin de trouver «l’évasion» dans ces éléments, de les sublimer et leur laisser conter visuellement leur histoire. La typographie viens souligner le propos et dresser le contexte. Lors de la prise de ses photos jusqu’au traitement, il veille à conserver toutes les caractéristiques qui donneront du caractère et viendront définir l’atmosphère finale de l’image.

 

 

Il donne par exemple naissance aux séries «From my garden» et «Cosmic Garden». La première met en valeur des fleurs rencontrées sur son chemin à des périodes et moments différents : «Je ne suis pas le premier à travailler sur les fleurs. Mais on ne peut rester insensible à leur beauté. Dans un axe de mon diplôme, je m’étais déjà mis à les observer et à faire ce rapport métaphorique à l’homme. Elles symbolisent dans ma démarche graphique l’éphémère, la beauté, les différences, la vie tout simplement. Elles nous racontent le mystère de la vie avec poésie. Elles naissent de la tige, pour devenir bourgeon, s’épanouir et s’ouvrir, pour se faner et mourir. Elles jouent leur rôle durant leur temps de vie et apportent ce qu’elles peuvent à ce monde. De couleurs, de types et de formes différentes on trouve en chacune d’elle de la beauté et de la grâce. Nous sommes un peu des fleurs tous à notre façon. Généralement elles égaient et donnent toujours un peu plus de saveurs à certains lieux où elles se trouvent par leur présence. La Martinique répond aussi au nom d’île aux fleurs. Et malgré nos influences extérieures, nos expériences et notre vécu, notre degré d’ouverture d’esprit ou de savoir, quand nous y mettons les pieds nous prenons part à un quotidien îlien. Nous devenons ses fleurs.»

 

La seconde penche plus vers la déclinaison et l’interprétation selon ce qu’ évoquent visuellement texture et forme : «Chaque fleur a ses particularités. Elles inspirent à tel point que de par leur apparence titille l’imagination. J’ai donc voulu aller un peu plus loin. Les transformer et les élever dans graphiquement dans l’univers, l’infini, l’espace. Tout cela relève un peu voir carrément du rêve et nous montre qu’aucune source d’inspiration n’est plus grande qu’une autre peu importe son ampleur et son apparence. Chacun amène un goût et une odeur différente à la vie.»

 

 

Son travail ne se cantonne pas qu’aux fleurs. Certains morceaux divers de son quotidien n’échappent pas à ses techniques, que ce soit un bout d’environnement ou un animal ou une personne. Il s’agit pour lui de capturer des moments forts et parlants. La typographie souvent présente, met en relief le propos par son style et le dessin de sa lettre : «Que ce soit en parlant ou en écrivant, s’exprimer est une forme de libération. C’est une façon d’exister et de communiquer dans une société, avec l’autre. Le dessin de lettres s’inspire de certaines choses tout comme elles inspirent à leur tour. Dans ma démarche de graphiste / artiste, une part de moi et mes productions indiques et conduis le spectateur vers mon propos par le biais des mots et la beauté typographique. Mais je préfère dire qu’elles vous invitent en épousant l’image et les formes sans perdre de son caractère.»

 


Il y a encore un facteur, c’est que l’on retrouve souvent des cercles dans certains de ses travaux du moment : «Le cercle est une forme simple et parfaite. En faite plus que cette forme en elle-même, c’est la ligne qui est importante pour moi. Avec une ligne on peut tellement construire. C’est une base solide. C’est la symbolique d’un chemin d’une route. Celle de notre vie, de nos projets, de notre imagination, de ce que l’on dessine en étant artiste de notre vie. Quand elle se ferme pour créer une forme comme le cercle par exemple, c’est l’accomplissement et la naissance de quelque chose. Et dans cette forme il y aura alors une surface extérieure et une intérieure. C’est ce rapport et le paradoxe entre notre intimité ou encore ce que nous préférons garder pour nous et la face extérieure que nous dévoilons ou ce que nous voulons faire percevoir. Le cercle prend de l’importance, quand il joue rôle  d’une auréole. Dans les peintures de l’époque elles donnaient un caractère saint, donc important aux personnages. Cependant, sans connotation religieuse  c’est plus un référent qui supporte la mise en valeur graphique et signifiante dans mon travail. Ces formes interviennent souvent dans mes productions florales. Quand elles sont en association avec la typographie elles évoquent aussi la mémoire. Les pleins et déliés des lettres et la finesse des lignes représentent alors les manifestations et contradictions de la mémoire, où conscience et souvenir s’accordent parfois, ou s’opposent.»
«D’autres travaux et expérimentations verront évidemment le jour, avec pour projet un retour au dessin et à l’encre.»

 


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